La sécheresse des yeux, ou « xérophtalmie », est fréquente et le plus souvent bénigne. L’âge et les médicaments en sont les causes principales mais il faut éliminer des maladies, comme le syndrome de Gougerot-Sjögren.

Qu’est-ce qu’une sécheresse des yeux ?

La sécheresse oculaire provient d’une mauvaise qualité ou d’une diminution de la quantité de larmes. Elle provoque un inconfort visuel et peut, dans certains cas, entraîner des irritations de la « cornée », la membrane transparente à l’avant de l’œil qui, si elles persistent vont altérer la transparence de la cornée et la vue.
Les larmes sont produites en permanence par les « glandes lacrymales », puis étalées sur toute la surface de l’œil grâce au clignement des paupières. Principalement composées d’eau et de corps gras, les larmes humidifient et nourrissent la cornée et la protègent des agressions extérieures (poussières, bactéries) pour lui éviter de s’infecter et/ou de s’altérer.
Les signes de sécheresse oculaire sont multiples : picotements des yeux, sensation de « sable dans les yeux » ou de paupières collées le matin au réveil… Le plus souvent, ce phénomène d’œil sec est lié au vieillissement. D’autres facteurs peuvent être en cause : en particulier les médicaments, la pollution, la chirurgie de l’œil, et certaines maladies auto-immunes. 

Quelles sont les complications de la sécheresse des yeux ?

Les larmes forment un film protecteur physique et antiseptique pour les yeux. En leur absence, la surface de l’œil se dessèche, peut se craqueler et devenir vulnérable aux infections.
En l’absence de soins appropriés pour protéger les yeux, cette sécheresse peut entraîner une irritation chronique de l’œil et être à l’origine de lésions inflammatoires de la cornée, appelées « kératite ». Ces lésions vont perturber la transparence de la cornée, et donc aussi la vue.

Quelles sont les causes de la sécheresse des yeux ?

La sécheresse des yeux peut être due à plusieurs facteurs.
• L’âge est le facteur le plus fréquent : 15 % des personnes âgées de plus de 60 ans se plaignent de sécheresse oculaire. En vieillissant, la production de larmes devient moins importante car les glandes lacrymales s’atrophient. Cette baisse est aggravée par les modifications hormonales liées à la ménopause chez la femme et à l’andropause chez l’homme.
• L’environnement : la pollutionl’air sec, froid ou climatisé ont augmenté ces dernières années la fréquence de la sécheresse oculaire. Dans les autres facteurs d’environnement, on retrouve la fumée de cigarette, le vent, la haute altitude… Tous ces facteurs peuvent aussi assécher les yeux, surtout lorsqu’ils se cumulent.
• La prise de certains médicaments peut réduire la production ou la composition des larmes. Il s’agit essentiellement des antidépresseurs, des médicaments contre la douleur (antalgiques morphiniques), des médicaments de la maladie de Parkinson (antiparkinsoniens), des médicaments pour dormir (somnifères), des médicaments de l’allergie (antihistaminiques), des anti-acnéiques, des anti-diarrhéiques, des traitements hormonaux (contraception orale…), des anti-arythmiques cardiaques, de l’atropine…
• Certaines substances toxiques peuvent assécher l’œil comme le tabac et le cannabis.
• La chirurgie laser : chirurgie réfractive de l’œil et de la rétine peut déclencher une sécheresse oculaire temporaire.
• Certaines maladies avec atteinte inflammatoire des paupières (blépharite) sont une source de sécheresse : rosacée, dermite séborrhéique, psoriasis, allergies oculaires chroniques.
• Des maladies générales sont à l’origine d’une sécheresse des yeux, parfois sévère. Même si elles sont peut fréquentes, il s’agit essentiellement des maladies auto-immunes (syndrome de Gougerot-Sjögren, polyarthrite rhumatoïde, lupus, sarcoïdose…). Le syndrome de Gougerot-Sjögren est une maladie inflammatoire chronique qui provoque spécifiquement une sécheresse des muqueuses (yeux, bouche, tube digestif, vagin). Il est dû à une agression auto-immune des glandes responsables de la production de mucus protecteur (glandes lacrymales, salivaires ou vaginales) et de la sécrétion des sucs digestifs par le pancréas, sous l’agression du système immunitaire. Ce syndrome est parfois associé à d’autres maladies auto-immunes : polyarthrite rhumatoïde, lupus, sclérodermie…
D’autres maladies générales peuvent donner une sécheresse oculaire comme une amylose, des infections virales (VIH, hépatites C…), une maladie du greffon contre l’hôte…

Quand faut-il évoquer une sécheresse des yeux ?

La sécheresse oculaire peut se manifester par divers signes :
• Picotements, démangeaisons, sensations de brûlure des yeux,
• Sensation de sable ou de corps étranger dans les yeux,
• Gêne à l’ouverture des yeux le matin, paupières collées,
• Sensibilité à la lumière, à la fumée de tabac ou au vent,
• Absence de larmes dans des situations qui déclenchent habituellement leur sécrétion : émotion, épluchage d’oignons…
• Et à l’opposé, présence d’un larmoiement au vent, au froid, à la lecture… 
• Difficultés à porter des lentilles de contact,
• Impression de voir moins bien.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut voir un médecin spécialiste de l’œil, un « ophtalmologiste », si :
• La vue baisse rapidement.
• Il existe une infection ou une inflammation de l’œil (« kératite ») ou de la paupière (« blépharite »).
• La gêne au niveau de l’œil persiste malgré les mesures prises.
• La gêne oculaire ne cesse pas rapidement chez un porteur de lentilles de contact. Un examen est nécessaire à la recherche de lésions de la cornée provoquées par les lentilles.

Comment diagnostiquer une sécheresse des yeux ?

Le spécialiste de l’œil, l’ophtalmologiste recherche à l’interrogatoire les facteurs pouvant être responsables de la sécheresse oculaire (prise de médicaments, intervention chirurgicale oculaire, maladies…) et en apprécie l’impact sur la qualité de la vue.
Puis il pratique un examen détaillé des paupières et des yeux. Il évalue le retentissement de la sécheresse sur la cornée lors de « l’examen à la lampe à fente ». Celle-ci peut être irritée, inflammatoire ou infectée (« kératite »).
L’ophtalmologiste peut également procéder à différents tests complémentaires afin d’apprécier l’état de la cornée (examen au Rose Bengale, un peu irritant) et la production lacrymale : placer des bandes de papier-filtre sous les paupières inférieures et mesurer la longueur de papier humidifié en deux minutes.

Que peut-on faire en cas de sécheresse des yeux ?

En cas de sécheresse oculaire, il faut commencer par éviter tout ce qui pourrait irriter l’œil ou accentuer l’évaporation des larmes :
• Il faut éviter la fumée de tabac et arrêter de fumer.
• Il faut éviter l’air conditionné.
• Il faut humidifier les pièces grâce à des humidificateurs, ou des plantes vertes, et il faut les aérer quotidiennement.
• Il faut protéger ses yeux du vent (port de lunettes).
• En cas de port de lentilles de contact : il faut respecter les conseils pour les entretenir et ne pas les porter en permanence.
• En cas de prise de médicaments, il faut consulter la notice et les effets indésirables signalés dessus puis parler d’un éventuel problème de sécheresse à son médecin traitant. En aucun cas, il ne faut arrêter son traitement sans son avis.
• Enfin, il est possible d’utiliser des « larmes artificielles » disponibles en pharmacie, pour humidifier ses yeux. Il faut préférer les doses uniques, sans conservateur, afin de réduire le risque d’infections oculaires et d’irritations. Il est possible de les utiliser aussi souvent que nécessaire, jusqu’à plusieurs fois par heure (demander conseil à son pharmacien).
Pour prévenir les infections, il vaut mieux se laver les mains avant de se toucher les yeux.
Si les troubles persistent et s’aggravent, il faut prendre rendez-vous avec un ophtalmologiste.

Quel est le traitement de la sécheresse des yeux ?

Le traitement de la sécheresse des yeux repose sur l’utilisation de produits remplaçant les larmes. Le médecin traitant peut prescrire des larmes artificielles ou des gels lacrymaux, en dose unique et sans agent de conservation, pour humidifier les yeux.
Ces produits ont des viscosités différentes. Plus le produit est visqueux, plus il a la capacité à retenir l’eau et donc à avoir le meilleur résultat. En revanche, lors de l’application d’un gel, sa texture est responsable d’un effet de flou passager, ce qui fait que le gel est plutôt utilisé le soir au coucher alors que les larmes artificielles sont utilisées dans la journée et à la demande. Il est important de s’assurer que ses yeux sont bien lubrifiés lors des situations au cours desquelles les larmes s’évaporent plus vite (altitude, air chaud, vélo, moto).
Pour améliorer la sécheresse oculaire, il est toujours utile d’agir sur l’environnement : éviction des climatiseurs et des ventilateurs et mise en place d’un humidificateur d’air. Il faut arrêter la consommation de tabac et éviter tout environnement enfumé.
Si des médicaments sont à l’origine de la sécheresse oculaire, l’ophtalmologiste, en coordination avec le médecin traitant, peut les remplacer par d’autres.
Dans les formes graves, il est possible de poser des bouchons permettant d’obstruer de façon transitoire ou permanente, les canaux lacrymaux à l’angle interne de chaque œil, ces canaux étant chargés d’évacuer les larmes dans les fosses nasales : ce sont les « clous méatiques ». L’amélioration des signes gênants est souvent importante, mais ces bouchons sont bien souvent expulsés assez vite.
Dans les cas les plus sévères, il est possible d’utiliser des lunettes à chambre humide ou à chambre close qui gardent l’œil dans une atmosphère humide.
Lorsque le syndrome de sécheresse oculaire est dû à une maladie générale, il pourra être atténué grâce au traitement de la maladie en cause. Dans les maladies auto-immunes où la sécheresse oculaire est dépendante d’un processus inflammatoire auto-immun local et agressif, il est possible que le médecin prescrive des collyres à la cyclosporine, une molécule immuno-modulatrice.
En cas de port de lentilles de contact, il est possible d’adapter le type de lentilles ou de les porter moins fréquemment, voire de ne plus les porter.

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