Une uvéite est une pathologie inflammatoire affectant l’œil. Cette maladie bien que peu fréquente est cependant souvent à l’origine d’une perte de la vision. En l’absence d’un diagnostic précoce et d’une prise en charge adéquate, elle peut en effet aboutir à une cécité.

Qu’est-ce qu’une uvéite ?

On parle d’uvéite pour désigner un ensemble de troubles inflammatoires affectant l’œil, plus particulièrement l’uvée. Près de 200 personnes sur 10 000 sont diagnostiquées chaque année.

À savoir ! L’uvéite est la cinquième cause la plus fréquente de perte de vision chez les individus âgés de 20 à 60 ans.

L’uvée est une membrane de l’œil située entre la sclérotique (enveloppe externe) et la rétine. Elle est constituée de l’iris, du corps ciliaire (éléments reliés aux ligaments permettant de maintenir le cristallin en place) et de la choroïde. L’iris est la partie colorée de l’œil, elle permet de contrôler la quantité de lumière entrante. Le corps ciliaire favorise la netteté de la vision en ajustant la forme du cristallin. Il apporte également les nutriments nécessaires à l’œil. Enfin, la choroïde assure l’irrigation sanguine au niveau de l’œil.

Lorsque l’un des constituants de l’uvée ou sa totalité est enflammée, on parle d’uvéite. On distingue plusieurs types d’uvéite : antérieure, intermédiaire, postérieure et diffuse. L’uvéite antérieure, la plus habituelle, est une inflammation affectant l’iris ou le corps ciliaire. L’uvéite intermédiaire concerne les substances remplissant l’œil, à savoir l’humeur vitrée ou la substance gélatineuse, tandis que l’uvéite postérieure touche les couches postérieures de l’œil comme la choroïde ou la rétine. Finalement, l’uvéite diffuse désigne une inflammation aussi bien dans la partie antérieure que postérieure de l’œil.

Par ailleurs, on distingue une uvéite aiguë qui dure de quelques semaines à plusieurs mois avant de guérir, d’une uvéite chronique dont les symptômes s’étendent sur plusieurs années, et parfois même ne guérissent jamais totalement.

À savoir ! L’uvéite peut toucher un seul œil ou les deux. Cette pathologie touche essentiellement les individus âgés de 20 à 50 ans, mais peut parfois également se manifester chez les enfants.

Les causes d’uvéite peuvent être très diverses.

On distingue trois grandes causes majeures :

  • Auto-immune : le système immunitaire, normalement chargé de défendre l’organisme contre les agressions extérieures (par exemple des virus ou bactéries), est dans ce cas défaillant. Autrement dit, il ne va pas distinguer les éléments étrangers de ceux lui appartenant. Le système immunitaire va donc s’attaquer à lui-même, plus précisément dans ce cas, à l’œil. Le plus souvent, l’inflammation n’est localisée qu’au niveau de l’œil, mais il arrive parfois qu’elle soit associée à d’autres manifestations auto-immunes. Il semblerait que la présence de certaines maladies comme la spondylarthrite ankylosante, la maladie de Crohn ou le psoriasis augmente le risque d’uvéite.
  • Moins fréquemment, l’inflammation peut être associée à une infection en raison de l’introduction de virus, parasites ou bactéries au niveau de la cavité oculaire. Certains virus, par exemple celui de l’herpes, peuvent persister même une fois l’infection disparut et se réactiver ponctuellement.
  • En effet, tout traumatisme, y compris une intervention chirurgicale, peut entraîner une inflammation.

Dans 2 tiers des cas, aucune origine ne permet d’expliquer à elle seule la survenue de l’inflammation. On parle alors d’uvéite d’origine idiopathique.

Symptômes

Les symptômes dépendent du type d’uvéite. Par ailleurs, ils ne sont pas forcément tous présents ensemble et peuvent varier d’un individu à un autre. Ils peuvent, en effet, apparaître subtilement et s’aggraver de façon progressive ou au contraire apparaître graduellement. Par ailleurs, certaines personnes, notamment les enfants et les jeunes adultes, ne présentent aucun symptôme.

L’uvéite antérieure est aussi appelée iritis. C’est la forme d’uvéite à l’origine du plus grand nombre de symptômes. Elle s’accompagne en effet souvent de douleurs, de rougeur, de troubles visuels et photophobie (liée à un inconfort voire douleurs en présence de lumière). Ce type d’uvéite évolue par poussées et est susceptible de récidiver.

L’uvéite intermédiaire, aussi connue sous l’appellation « planite » ou « uvéite périphérique », est une inflammation localisée en arrière de l’iris et du cristallin. Ce type d’uvéite est moins fréquent. Elle est caractérisée par une absence de douleurs, l’apparition de corps flottants et une baisse de la vision. L’évolution de ce type d’uvéite est progressive. Les récidives sont possibles.
L’uvéite postérieure, aussi appelée choroïdite peut provoquer une baisse de l’acuité visuelle et l’apparition de corps flottants. Elle évolue par poussées avec un risque de récidive, de décollement de la rétine, d’inflammation des vaisseaux rétiniens et d’un œdème au niveau du nerf optique.

Enfin, l’uvéite diffuse (ou panuvéite) correspond à une inflammation de l’ensemble des parties de l’œil, que ce soit celles présentes à l’avant ou à l’arrière. Ainsi, l’ensemble des signes décrits précédemment peut être présents.

Complications

En l’absence de traitement, l’uvéite peut provoquer des complications :

  • Glaucome
  • Cataracte
  • Lésion du nerf optique
  • Décollement de la rétine
  • Perte permanente de la vision

Diagnostic

Lors de la consultation et avant toute auscultation, le médecin procède à un interrogatoire du patient concernant ses antécédents et les circonstances de survenue de l’uvéite. La vue est ensuite étudiée ainsi que la pression intraoculaire lors d’un examen du fond de l’œil. Cet examen nécessite l’utilisation d’un collyre permettant de dilater les pupilles afin d’examiner l’œil. Le fond de l’œil est examiné à chaque consultation pour un suivi régulier de la maladie.

Pour évaluer les potentielles complications (cataracte, glaucome, œdème rétinien) causées par l’uvéite, d’autres examens peuvent être effectués : une tomographie de cohérence optique, un test de champ visuel ou une angiographie de la rétine.

Aussi, la réalisation d’analyses sanguines ou de radiographies peut s’avérer nécessaire pour identifier la cause de l’inflammation.

Traitement

Le traitement d’une uvéite dépend de son type et de sa gravité. L’objectif est de supprimer l’inflammation, soulager la douleur et éviter d’autres lésions tout en prévenant la perte de la vision. Classiquement, 4 types de médicaments sont utilisés :

  • Cycloplégiques ou collyres mydriatiques
  • Corticostéroïdes
  • Immunosuppresseurs
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Les collyres mydriatiques (atropine, par exemple) permettent de dilater la pupille, ce qui soulage les douleurs et la sensibilité à la lumière, et permet de prévenir certaines complications. Ce collyre est responsable d’une vision floue temporaire et d’une sensibilité à la lumière.

La majorité des uvéites de type antérieur sont traitées avec des collyres à base de corticostéroïdes. Leur administration est fréquente en début de traitement puis s’espace par la suite. Ils sont prescrits pour réduire l’irritation et l’enflure qui accompagnent l’uvéite.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont des médicaments très utilisés dans divers domaines thérapeutiques. Pour l’uvéite, ils aident à atténuer l’irritation et l’enflure.

Lorsque l’inflammation touche l’humeur vitrée, la choroïde ou la rétine, des corticostéroïdes oraux peuvent être prescrits en comprimés ou en injection autour/dans le globe oculaire. Lorsque ces derniers ne suffisent pas ou sont à l’origine d’effets secondaires trop importants, des médicaments immunosuppresseurs (méthotrexate, par exemple) agissant sur le système immunitaire, peuvent être associés.

Enfin, dans les cas où l’uvéite est d’origine infectieuse, un traitement antibiotique (lorsque l’origine est bactérienne) ou antiviral (origine virale) est mis en place.

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