A. La doctrine sur l’Assomption.

B. Fondements du dogme de l’Assomption.

1. Le sensus fidei

2. Dans les textes apocryphes (traditions) et la Tradition.

3. Dans l’Écriture.

Réference:

A. La doctrine sur l’Assomption

La proclamation du dogme de l’Assomption a eu lieu le 1er novembre 1950 par le pape Pie XII dans la Constitution Apostolique Munificentissimus Deus qui affirme que, « à la fin du cours de sa vie terrestre, [Marie] a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste »5. Le texte concerne donc la glorification de Marie au terme de sa vie. Le magistère affirme que le corps de Marie n’a pas connu la corruption. L’Église ne se prononce pas officiellement sur la question de la mort de Marie. Il existe deux traditions à ce sujet. Les orientaux parlent de la dormition de la Vierge, qui se serait comme endormie dans une sorte de transport d’amour. D’autres pensent que Marie a bien subi la mort. Les deux solutions restent possibles et peuvent se défendre. Toutefois, on peut dire qu’aujourd’hui, il y a plutôt une tendance pour affirmer que Marie est passée par la mort (Pie XI, Jean XXIII et Jean-Paul II dans ses catéchèses mariales). Cela peut se comprendre : Jésus lui-même est mort, alors qu’il était lui aussi pur de tout péché, et il a donné un sens rédempteur à la mort. Il n’y a donc pas d’obstacle à dire que Marie soit elle aussi passée par la mort. Dans tous les cas, il faut tenir qu’elle est bien montée au ciel avec son corps.

On peut voir le dogme de l’Assomption comme découlant des autres dogmes et mystères mariaux. Son union étroite avec Jésus, sa maternité divine tout d’abord comme nous l’avons vu plus haut : «parfaitement unie à la vie et à l’œuvre salvifique de Jésus, Marie partage son destin céleste avec son âme et son corps. ». En tant qu’Immaculée Conception préservée de toute trace de péché, il convenait que Marie soit également préservée de la corruption de la mort.

B. Fondements du dogme de l’Assomption

La constitution apostolique affirme qu’il n’y pas de fondement scripturaire direct pour ce dogme dans la Bible. Il n’a pas été tiré du chapeau pour autant. En fait comme le dogme de l’Immaculée Conception, le dogme de

l’Assomption a aussi été mûri par l’Église au cours des siècles. Il plonge aussi ses racines dans l’Écriture, mais également dans des sources moins sacrées : des textes apocryphes, et la liturgie. Ce dogme a également la particularité de s’appuyer sur ce que l’on appelle le sensus fidei, le sens de la foi.

Voyons maintenant ces trois fondements.

1. Le sensus fidei

Nous commençons par le sensus fidei car la constitution y fait explicitement référence pour justifier la proclamation du dogme. Pour comprendre ce qu’est le sens de la foi, citons le numéro 12 du texte Lumen Gentium du concile Vatican II : 6 | Le mystère de la Vierge-Marie La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint Esprit, ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, « des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs », elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel7.

Le Catéchisme de l’Église Catholique ajoute que cette unanimité se fait sous la conduite du Magistère. Ainsi, lorsque tous les fidèles apportent un consentement universel et que le Magistère le reconnaît, on peut dire qu’ils ne se trompent pas.

Quatre ans avant de promulguer le dogme (en 1946 donc), le Pape Pie XII a publié une encyclique Deiparae Virginis Mariae destinée à consulter les évêques quant à l’éventuelle promulgation du dogme de l’Assomption.

Le pape a reçu beaucoup de réponses allant dans le sens de la promulgation du dogme.« Seules six réponses sur 1 181 manifestèrent quelques réserves sur le caractère révélé de cette vérité », soit moins de 1 % de réserve. Si les réponses furent à ce point unanimes, c’est qu’elles s’enracinent profondément dans les traditions et l’Écriture.

2. Dans les textes apocryphes (traditions) et la Tradition

Les textes faisant mention de la glorification de Marie sont plutôt anciens. Le premier texte qui traite de l’Assomption de Marie que nous connaissons nous vient d’Epiphane de Salamine (mort en 403) :

[On] ne trouvera aucune trace de la mort de Marie, [dans la Bible]. L’Écriture a gardé le silence le plus complet sur la question en raison de la grandeur du prodige ; afin de ne pas susciter un émerveillement excessif dans l’esprit des hommes9.

On trouve également un bon nombre de textes apocryphes relatant la glorification de la Vierge Marie. Les apocryphes bibliques sont des textes qui n’ont pas été retenus pour faire partie des livres de la Bible. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne comportent que des choses fausses. Notamment, si plusieurs de ces textes sont concordants sur un point, il est légitime de penser qu’ils peuvent présenter une part de vérité. Un groupe de textes, que l’on appelle Transitus Mariae, font mention de la mort de Marie, sa sépulture et le transfert de son corps hors de la tombe. Les chercheurs estiment que le noyau de ces textes remonte au IIe ou IIIe siècle. Ces textes n’ont pas garantie d’historicité, mais ils sont plusieurs à rapporter les mêmes idées, et sont au moins révélateur d’une tradition existante chez les croyants. Cela est appuyé par la découverte récente d’un tombeau dans une Église de Géthsémani dédiée à la Vierge. Le tombeau était resté cache jusqu’en 1972. Une fois découvert, on a constaté que cela correspondait bien aux descriptions des récits apocryphes. Cette découverte nous montre que les apocryphes ne sont pas nécessairement des fables. Toutefois, il faut rappeler qu’une tradition affirme que la mort de Marie eu lieu à Ephèse. Les visions de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich sur ce sujet nous indiquent que, dans un premier temps, les apôtres, croyant à une mort prochaine de la Vierge, lui avaient préparé une tombe à Géthsémani. La Vierge n’étant finalement pas morte, elle serait ensuite allée à Éphèse où elle serait morte quelques années plus tard.

Nous avons également plusieurs textes de Pères de l’Église à partir du VI è siècle. On peut dire qu’il y a tout de même un consensus des Pères de l’Église et des théologiens à ce sujet (saint Jean Damascène au VIIIe siècle, saint Thomas et saint Bonaventure au XIIIe siècle, saint Robert Bellarmin au XVIIe). Au niveau liturgique, la fête de la Dormition est attestée et répandue au moins à partir du VIe siècle.

3. Dans l’Écriture

En ce qui concerne la Bible, comme nous l’avons dit plus haut, il n’y a pas de fondement direct. Mais on trouve tout de même des petits signes qui corroborent l’idée d’une glorification de Marie. On peut reprendre les deux passages qui fondent le dogme de l’Immaculée Conception : Gn 3,15 et Lc 1,28. La Femme est associée à la victoire de son Fils. Il serait donc légitime qu’elle soit aussi associée à sa glorification. L’apocalypse nous décrit la Femme couronnée d’étoile, vêtue du soleil (Ap 12,1) : ce passage nous montre Marie associée à la l’image de la Résurrection (le soleil pour manteau) et la victoire du Christ roi (couronnée d’étoiles).

Il y a également trois autres passages bibliques qui peuvent nous conduire à penser que Dieu veut la glorification de la Vierge : Ex 20,12 : « Honore ton père et ta mère ». Is 60,7 « je glorifierai ma maison de splendeur. » et enfin Ps 132,8 « Lève-toi, Yahvé, vers ton repos, toi et l’arche de ta force. ». L’image de l’Arche d’Alliance est encore importante ici, car elle est parée des plus beaux matériaux, et de l’or, symbole de l’incorruptibilité.

Rappelons-nous ici encore que ce n’est pas une invention des théologiens que de raisonner ainsi, mais que c’est Jésus lui-même qui nous a montré que Dieu a parsemé l’Écriture et l’Histoire du salut de messages et de figures cachées. Il n’a pas voulu tout nous donner de manière explicite en ce qui concerne bon nombre d’autres vérités de foi, parce qu’il a voulu notre concours, notre travail pour le rechercher, le comprendre. Pour la Vierge Marie, c’est aussi parce qu’il ne fallait pas qu’elle prenne la place de Jésus dans les premiers siècles.

Réference:

6 JEAN-PAUL II, « Audience générale », 02-07-1997 (DC 2165, p.702).

7 CONCILE VATICAN II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, n°12. Voir aussi le Catéchisme de l’Église Catholique aux numéros 91 à 93.

8 Jean-Paul II, « Audience générale », 02-07-1997, (DC 2165, p.702).

9 EPIPHANE DE SALAMINE, Panarion, 78, 11 (TMPM 1, 395).

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